jeudi 30 avril 2009

Témoignage d'une VAE réussie par Eric Cluzel

Préambule

Avec plus de vingt ans d’expérience professionnelle acquise par une implication quotidienne dans mes différentes missions, je souhaitais donner une nouvelle impulsion à mon évolution de carrière. L’expérience professionnelle, ensemble de connaissances, savoirs et savoirs-faire acquis au travers du temps ne sont que sous-ensembles d’éléments complexes acquis, mémorisés et utilisés de manière différente par chaque individu. Il est simple de dire « si on le veut, on le peut », cependant, mettre en œuvre un projet tel que la VAE et le réussir n’est pas aussi aisé. Il est nécessaire que les pièces du puzzle constitué par les évènements que l’on maîtrise et les évènements que l’on subit s’associent bien les uns avec les autres.
Vous avez très certainement de bonnes raisons de vous lancer dans une VAE. Cependant vous devez voir plus loin que l’obtention du diplôme et réfléchir à sa valorisation immédiate ou à court terme. Vous devez en assurer la promotion dans votre entreprise et l’inclure au sein dans votre projet professionnel. Après avoir fait mûrir le projet, j’ai demandé un rendez-vous avec ma responsable des ressources humaines pour partager ce travail et surtout partager mes objectifs qui étaient de donner un nouvel élan à ma carrière professionnelle. J’ai agi de même avec mon management. Certes, j’ai pris un risque en agissant ainsi. D’une part, l’accueil aurait pu être mitigé, voire défavorable et d’autre part, j’ai rendu la validation de ce diplôme quasi indispensable pour moi. Chacun voit la VAE de manière différente, sûrement par méconnaissance ou désinformation et ainsi lui accorde une valeur différente.
Un gage de réussite est la visualisation mentale de son ou de ses objectifs. Que ce soit pour votre valorisation personnelle, un avancement de carrière, un changement de métier ou la recherche d’un emploi, gardez toujours à l’esprit pourquoi vous vous lancez dans ce projet. Les raisons d’abandonner seront toujours plus nombreuses que celles de la ténacité. Parcours complexe entre les différents acteurs et organismes, syndrome de la page blanche, doute, difficultés techniques, temps matériel entre travail, famille ou loisirs, faux amis qui vous diront que la VAE n’est pas reconnue. Tout ceci est la réalité et je l’ai personnellement vécu. J’aurais pu abandonner plusieurs fois.
Pour faire face à cette adversité, d’ailleurs souvent créée par sois-même, il est indispensable de prendre du recul sur son ouvrage. Pour arriver à réfléchir, lire, écrire, il faut être dans de bonnes dispositions intellectuelles. La moindre perturbation d’ordre familial ou professionnel vient perturber cet équilibre. Il faut donc savoir se ménager des moments propices au calme afin d’avancer dans son projet. Des périodes plus ou moins propices vous feront passer par des situations plus ou moins agréables. Une première période peu fructueuse, de doute et d’incertitudes. Venant juste après, des idées qui mûrissent : la recherche documentaire sur ces idées, la confrontation de ces trouvailles avec ses amis, ses collègues, sa famille. Enfin, la période productive. Pour cette dernière période, très souvent, je m’installais dans des conditions confortables. Chez moi, au calme avec un fond musical très doux et parfois un bon cigare cubain, je pouvais écrire pendant des heures avec une fluidité déconcertante par rapport à la première période. Mes idées épuisées et ayant tout transcrit, je pouvais passer quelques jours sans avancer. Je reprenais alors ce que j’avais écrit et je rentrais à nouveau dans la première période. C’est à ce moment là qu’il faut être le plus fort et ne pas se décourager.
Un élément important que je n’ai pas mentionné jusqu’ici est l’accompagnement proposé lors de la constitution du dossier soumis à avis au professeur référent du diplôme présenté, et, si validé, l’accompagnement apporté par le professeur référent lui-même. Pour en avoir discuté avec des collègues de VAE ou consulté des forums sur Internet, je pense avoir été favorisé sur ce point. Un mauvais accompagnement accroît considérablement les difficultés.
Je ne souhaite pas décourager quiconque souhaite se lancer dans la VAE, mais tout simplement ne pas donner de fausses illusions. Il ne suffit pas de rassembler les divers éléments de son expérience professionnelle, en faire un curriculum vitae détaillé et le présenter. Les croyances véhiculées par les personnes ne connaissant pas la validation des acquis de l’expérience la desservent.
Mais si vous gardez à l’esprit vos objectifs, si vous les visualisez, si vous vous projetez dans l’avenir, vous pouvez y arriver comme beaucoup d’autres personnes. Votre satisfaction et votre réussite n’en seront que plus beaux. Il n’est jamais trop tard pour réaliser un projet qui tient à cœur. La joie ressentie est beaucoup plus intense que ce même diplôme obtenu à l’issue du cursus scolaire. La valeur que vous lui accorderez est supérieure, parfois vitale pour votre avenir. Ne tenez pas compte des railleries ou tentatives de dévalorisation que vous pourrez entendre. Ce sont souvent ces mêmes personnes qui se plaignent de leur condition professionnelle. Je préfère l’action à l’immobilisme. J’ai personnellement été très surpris de l’accueil enthousiaste que j’ai rencontré lorsque j’ai présenté ce projet à mon management, à mes ressources humaines, à mes proches ou encore à mes amis.

Le parcours administratif

Je décide de m’inscrire dans un parcours VAE début 2007. J’en parle avec mon management, mes responsables RH et mes proches. Je me documente et commence à réfléchir à mes attentes et mes ambitions. En Juin 2007, je prends rendez-vous avec un conseiller du CIBC (Centre Institutionnel de Bilan de Compétences) de Toulouse. Au travers de questions avec un retour dans mon passé professionnel, nous essayons de trouver plusieurs diplômes pouvant correspondrent à mes acquis. Après deux heures de recherche, nous arrêtons notre choix sur la liste suivante :

- Titre professionnel Responsable de projets en systèmes d’information. Titre professionnel du Ministère de l’Emploi. CVAE de l’AFPA.
- Licence professionnelle Systèmes informatiques et logiciels option gestionnaire de système informatique d’entreprise. Université de Bourgogne.
- Chef de projet logiciels et réseaux. Ecole polytechnique de L’université de Nantes. EPUN.
Master Pro mention Management des Organisations spécialité ingénierie des Organisations. UPS Toulouse.

En novembre, je contacte le service formation continue de l’UPS (Université Paul Sabatier) de Toulouse afin de constituer le dossier d’inscription et obtenir l’accompagnement nécessaire à la réalisation de ce projet. Le dossier n’est pas très complexe à constituer mais demande une recherche plus ou moins longue selon le nombre d’années professionnelles ou le nombre de société vous ayant employé. Voici une liste des documents qui m’ayant été demandé :

- Curriculum Vitae
- Diplômes obtenu
- Formations non sanctionnées par un diplôme
- Formations professionnelles

- Pour chaque emploi
Contrat de travail
Premier bulletin de salaire
Attestation pour solde de tout compte

Dans mon cas :
- CIBC (Centre Institutionnel de bilan de competences)
- Compte rendu de l’entretien individuel
- Master professionnel sélectionné par le CIBC

Une fois le dossier déposé et le chèque de 150 euros d’inscription signé, j’obtiens un rendez-vous avec un conseiller du SCUIO (Service Commun Universitaire d’Information et d’Orientation) de l’UPS. Avec lui nous abordons à nouveau mon parcours professionnel et personnel et nous validons le choix du diplôme qui sera soumis à avis du professeur référent. Je parle du support du SCUIO dans le chapitre : Bilan de compétences.
Un mot sur le financement de la VAE. Vous pouvez obtenir un financement presque total auprès de divers organismes. La première des choses que vous devez faire est de vous rapprocher des ressources humaines de votre société. Normalement ils doivent vous aider dans votre projet. Cela dit, vous trouverez un accueil différent selon les sociétés, c’est inévitable. Je vous conseille aussi de prendre un rendez-vous avec un conseiller du Fongecif. C’est très important. Ils vous donneront de précieux conseils sur les démarches à suivre et ils proposent un accompagnement spécifique pour la VAE au travers de deux ou trois réunions.
Je ne savais pas tout cela lorsque j’ai commencé les démarches et j’avais pris du retard dans le programme. Si j’avais opté pour un financement au travers du Fongecif, j’aurais du suivre leur programme et obtenir divers documents de ma société. Le temps d’avoir terminé les démarches administratives, les dates de support offertes par le SCUIO seraient passées et je me serais retrouvé livré à moi-même pour la préparation du mémoire et de la soutenance. Je voulais absolument avoir terminé ma VAE avant que l’organisation de la société dans laquelle je travaille n’ai changé. L’obtention de ce diplôme faisait partie intégrante de mon projet professionnel. Il faut savoir que le coût de la VAE n’est pas le même lorsque vous vous autofinancez. Il est plus faible. Entre les frais de dossier, les frais d’accompagnement et les frais d’inscription à l’université, j’ai du consacrer près de 1200 euros à ce projet. Le coût est variable selon le niveau du diplôme présenté. Vous aurez compris dans quel sens.

Le bilan de compétences

J’en reviens à mon premier rendez-vous au SCUIO. Après une interview de deux heures, mon conseiller m’a remis un document à remplir. Il s’agissait du dossier de la phase 1. Un formulaire à compléter, devant récapitulant toutes mes expériences professionnelles et personnelles. Implication dans des associations, passions, etc. Ce document inclus une série de questions vous permettant de réaliser vous-même une sorte de bilan de compétences. Attention, la comparaison s’arrête là.
Au travers de ce bilan, vous devez faire ressortir les étapes importantes de votre vie professionnelles.
Prenez le temps nécessaire à la rédaction de ce document. Il vous sera précieux tout au long de votre VAE. Il vous permettra d’avoir une vision précise de vos compétences et savoir-faire. Il vous permettra de vous forger un discours sur votre passé et vos ambitions futures. Il vous permettra d’élaborer un CV reprenant vos réelles compétences et non pas une simple liste d’activités. Vous devrez indiquer les métiers et les postes que vous avez occupés. La volumétrie et quelle était votre mission précise. Ce que vous avez appris et quel enrichissement vous en avez tiré. Ce document complété, je suis retourné au SCUIO pour le commenter avec mon conseiller. Je pensais que le travail de préparation était terminé, mais ce n’était que le début de mon travail. En effet, à la suite de ce travail préparatoire, j’ai du écrire un document plus personnel. Certes, un formulaire existe mais chacun doit se l’approprier. Je l’ai appelé le support 2. Vous devez vous présenter, décrire votre parcours professionnel avec ce qu’il vous a apporté et ensuite décrire une ou deux expériences professionnelles significatives. Vous devez avoir en permanence en tête les enseignements du diplôme présenté. C’est ce document qui est donné au professeur référent et ce dernier doit retrouver les constituants de la formation qu’il dispense avec son équipe. Enfin, une conclusion vous permettra de dire pourquoi vous avez entamé une VAE et quels en sont les enjeux pour vous.
Il est impératif de bien structurer le texte. De bien choisir la ou les expériences décrites. Eviter les fautes de syntaxe et d’orthographe. Faites relire ce document pas votre entourage et par des personnes qui ne sont pas du métier. Ils doivent comprendre ce que vous dites. N’oubliez pas. Soyez toujours en relation avec le diplôme.

Une dernière chose sur le bilan de compétences. N'hésitez pas à lire, à vous documenter, à vous enrichir de savoirs sur le management intra-personnel et selon votre métier inter-personnel. L'être et le savoir être sont très importants.

L’avis de faisabilité

Une fois cette première et importante partie de travail effectué, vous serez plus à même de vous connaître et de défendre votre projet. Vous serez convoqué par le professeur référent qui aura au préalable lu votre document de la phase 2. Je l’appelle un mini-mémoire. C’est le professeur référent qui donnera un avis favorable, réservé ou défavorable à votre demande. C’est lui qui vous accompagnera tout au long de votre VAE jusqu’au passage devant le jury. Ici aussi, certains sont plus chanceux que d’autres. Pour ma part j’ai eu un accompagnement à la hauteur de mon projet. Je remercie vraiment les deux professeurs qui m’ont apporté leurs connaissances et leur soutien. Je pensais me lancer dans ce projet pour l’obtention d’une licence et mon professeur référent à souhaité que nous ayons pour objectif un master II professionnel. C’est un bac + 5 et pour moi le rêve commençait. Rêve très rapidement transformé en challenge avec plus ou moins de stress selon les périodes. J’ai expliqué au début quelles étaient ces différentes périodes.

La rédaction du mémoire

A partir de là, le travail devient personnel à chacun. Il faut trouver un sujet. Je dis bien trouver un sujet et pas un titre. Le titre viendra plus tard lorsque vous aurez une idée précise de ce que vous allez présenter. On vous demande le même niveau de mémoire que pour les étudiants avec de la pratique, de la théorie, de l’analyse et des conclusions. Cependant, cela ne sera pas suffisant. Vous devrez en plus, et à chaque fois que possible, faire la liaison avec les matières enseignées dans la formation du diplôme présenté. Au départ, j’avais créé le sommaire suivant : un chapitre décrivant le sujet (pratique) présenté, un chapitre décrivant la (théorie) rapportée au sujet et enfin une conclusion. Ce modèle ne convient pas à une recherche universitaire. Sur les conseils avisés de mes professeurs j’ai du refondre totalement la présentation. Par chance le contenu des chapitres était convenable. Il m’a toutefois fallu réorganiser mon travail et faire beaucoup de recherches pour étayer la partie théorique. Une conclusion personnelle en a découlé. Je pense que le plus difficile est de trouver la manière de présenter les choses. En quelque sorte de faire le plan et le sommaire. La suite n’en est que plus simple. Seulement rien n’est aussi simple car même avec un plan solide vous douterez et sera parfois obligés de le modifier et l’adapter à votre discours. Un exemple : les chapitres doivent être équilibrés les uns avec les autres, avoir le même poids et la même force de démonstration, accessoirement un nombre de pages assez proche. Vous pouvez facilement trouver des sites sur internet qui décrivent comment présenter un mémoire.
http://www.cours-memoire.ch/fr/comment-faire-un-memoire/
Ayez à l’esprit que ce travail sera lu par des professeurs et des professionnels. Vous devez étayer vos propos et anticiper les questions qui pourront vous être posées à l’oral. La plupart du temps vous êtes mieux armés que les étudiants ne serais-ce que par l’expérience professionnelle que vous avez. N’en oubliez pas pour autant la phase de recherche. Il est important et impératif que vous sachiez prendre du recul sur votre travail. Ce que vous présentez doit être compréhensible et transposable dans un autre contexte. Si vous utilisez des termes techniques ou des abréviations, vous devez les expliquer.
N’hésitez pas à confronter vos idées avec celles de vos collègues ou amis. Interviewez des professionnels. Vous pourrez le mentionner dans le mémoire. Cela vous permettra de vérifier si votre sujet intéresse, est d’actualité et démontrera une recherche de votre part. Le mot actualité n’est pas neutre. Pensez à raccrocher vos propos à des réalités de la vie ou réalité professionnelle. Faites des propositions et apportez des conclusions personnelles.
Au-delà de votre objectif qui est l’obtention d’un diplôme (sinon vous ne liriez pas ces pages) ce travail sera très enrichissant pour vous-même. Vous en retirerez d’énormes bénéfices même si vous ne les évaluerez pas immédiatement.

La soutenance

Arrivera un moment ou vous aurez l’impression d’avoir fait le tour du sujet. En même temps vous aurez le sentiment que le travail n’est pas terminé. Que tel ou tel chapitre doit être revu, approfondi. Vous devez savoir arrêter. Un conseil. Laisser votre mémoire dormir dans un tiroir pendant quelques temps puis relisez-le dans sa totalité. Vous aurez alors une vision nouvelle de votre ouvrage.
Lorsque vous connaîtrez la date de la soutenance, attachez-vous à préparer les questions qui pourraient vous être posées. Surtout sur les points ou vous êtes le moins confortable.
Quelques jours avant le jour J, préparer votre discours. Dans le cadre de son accompagnement, le SCUIO m’a proposé deux réunions de travail avec des collègues de VAE. Nous avons préparé des présentations et les avons comparées afin de voir ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il faut éviter. Comme réciter son mémoire : a éviter absolument. Un conseil, préparez votre discours ou en tout cas sa structure avant de faire la présentation sur powerpoint (ou un autre outil). Vous devez connaître votre discours pratiquement par cœur. Votre présentation sur écran doit vous aider à ne rien oublier et à tenir le timing qui vous est accordé. Environ 20 minutes. Le fait de très bien connaître votre discours fera baisser votre stress et les premières phrases passées vous devriez être tout à fait à l’aise. J’ai personnellement mis une semaine pour obtenir un discours fluide et je l’ai récité plusieurs fois à mon épouse jusqu’à ne plus hésiter et être même capable d’ajouter ou d’enlever des choses selon mon désir. Le plus important est d’avoir en tête les phrases de liaison entre les pages de votre présentation afin d’éviter les coupures brutes ou les « heu.. »

Ensuite, c’est à vous de jouer. Chacun connaîtra des difficultés différentes. Je n’ai pas décrit toutes les activités annexes administratives comme l’impression de plusieurs exemplaires reliés du mémoire, des pièces jointes ou encore le fait de devoir graver un CD avec tous ces documents.
Chacun doit se constituer son parcours, son expérience. Comme je le dis souvent, mener à bien un projet de VAE mérite à lui seul un diplôme.

Après votre soutenance et une série de questions posées par les membres du jury, ce dernier vous fait sortir pour délibérer. Vous savez au bout de quelques minutes si vous êtes diplômés ou pas.

En décembre 2008 j’ai obtenu un Master II Professionnel en Droit, Economie et Gestion, Mention Management des Organisations - Spécialité Ingénierie des organisations - option MER, Management de l'Entreprise en Réseau. Université Paul Sabatier de Toulouse

A la directrice de l'IUP MER de l'UPS, aux accompagnateurs du SCUIO et tous ceux qui m'ont aidé et soutenu.


3 commentaires:

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  3. je n'en suis qu'à la phase préliminaire de ma démarche VAE et j'alterne déjà entre périodes d'euphorie et doutes ... Je souhaite également obtenir un master professionnel. Je vous remercie pour votre témoignage, il m'encourage à persévérer et surtout félicitations pour votre parcours !

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